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chronique ferroviaire
de notre revue

N°322 (septembre 2025)

"Petites lignes" et grands projets, où va-t-on ? 

Les neuf-mille kilomètres de lignes de desserte fine du territoire, souvent aussi appelées petites lignes (catégories UIC 7 à 9 dans le classement de l’Union internationale des chemins de fer) représentent près d’un tiers du réseau national. Comme nous l’avions déjà souligné dans la chronique du Dévorant n° 290 (juillet-aout 2018), un bon nombre d’entre elles est en mauvais état.

Cependant, ces lignes sont un enjeu important pour les régions qui veulent décarboner leurs transports. SNCF Réseau, dans son état des lieux, précise qu’elles accueillent en moyenne 17 % des trains du trafic régional de voyageurs et sont fortement sollicitées du fait qu’elles rejoignent souvent une agglomération importante, d’où l’appellation « lignes capillaires ».

Mesurées en kilomètres et liées en partie à la taille des régions, leur répartition sur le territoire national fait apparaitre de grandes disparités : en tête, la Nouvelle-Aquitaine avec 1 650 km, devant Occitanie (1 429  km), Auvergne-Rhône-Alpes (1 271 km) et Grand Est (845 km).

Concernant les 7 500 kilomètres de petites lignes ouvertes au seul service voyageurs, un décret « Voies ferrées locales voyageurs » (n° 2022-664 du 25 avril 2022), pose un nouveau cadre homogène pour la sécurité d’exploitation avec des contraintes et des spécifications techniques d’interopérabilité « allégées ». Les modalités de gestion et de propriété des infrastructures ferroviaires, en cours d’évolution, ouvrent la porte à de nouveaux modes d’exploitation.

Deux régions se sont déjà lancées dans des démarches innovantes de gestion :

  • L’Occitanie, s’est engagée pour le transfert complet après travaux de la gestion des sections de lignes Montréjeau-Luchon (2025) et Alès-Bessèges (2029). L’État en reste propriétaire.

  • Le Grand Est va devenir propriétaire et gestionnaire de la section de ligne de Jarville à Vittel via un contrat global portant sur les travaux de rénovation (75 km), l’exploitation (trente allers-retours par jour) et la maintenance sur vingt-deux ans. C’est le groupement NGE-Transdev qui en est attributaire. La mise en service est prévue fin 2027. De plus, la Région a lancé une démarche lui permettant, à terme, de devenir propriétaire de la quasi-totalité des lignes de desserte fine de son territoire (Jarville-Vittel, Molsheim–Saint-Dié, Saint Dié-Arches et Obernai-Sélestat).

Des constructeurs de matériels roulants, actifs et soutenus par le Groupe SNCF, investissent dans la recherche et le développement. Les projets avancent à grands pas pour relancer les petites lignes régionales avec de nouveaux trains légers innovants et décarbonés appelés TELLi, Draisy ou Flexy (1)…. Avec les progrès techniques, ils devraient être plus légers pour réduire les couts d’infrastructures, et d’exploitation tout en utilisant une énergie motrice économe et respectueuse de l’environnement.

Aujourd’hui, des maquettes de ces trains du futur sont présentées au public. En 2026, des projets-pilotes verront le jour avec la circulation de prototypes sur des sections de lignes fermées en Aquitaine et dans le Grand Est.

Il faut donc investir dans le ferroviaire, avec des propositions innovantes, certes, mais également garantir la pérennité du réseau structurant : c’est, dit la SNCF « une urgence pour les Français et les territoires ».

Lancée en mai dernier par le gouvernement, la démarche appelée « Ambition France Transports » est censée répondre à ces questions et proposer un modèle économique pour financer les mobilités jusqu’en 2040. Dans cette démarche l’État s’est engagé à porter les investissements d’infrastructures ferroviaires annuels à 4,5 milliards d’euros contre trois précédemment. Fort des études qu’elle a menées, la SNCF annonce que cet effort demeure insuffisant et que quatre-mille kilomètres de lignes pourraient, dès 2028, voir leur qualité de service se dégrader entrainant des perturbations pour les plus de deux-mille trains qui les parcourent journellement ! Au demeurant, la valse des ministres chargés du Transport ne facilitera certainement pas les choses, les points de vue des uns et des autres étant parfois discordants.

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  • Le Train innovant TELLi, pour desservir les « petites lignes » connectées au réseau principal.

  • Le train léger DRAISY, pour circuler sur des lignes rurales dédiées et desservir les petites gares connectées au réseau principal.

  • Le système de navettes s FLEXY, pour offrir une seconde vie aux lignes qui ne sont .

  • Les services de transport à la demande « Ma course SNCF » et « JYVAIS », pour développer de nouveaux concepts de mobilité collective connectée au train.

  • La PIOMA, pour préfigurer les services de transport collectif autonome sur des emprises reconverties.

 

Joël Forthoffer

Le CLEC applique dans toutes ses publications les règles de l'orthographe recommandée par l'Académie française

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